Les récidives du ptérygion sont-elles fréquentes ?
Spontanément, après une exérèse simple la récidive survient en effet dans une proportion importante des cas, variable selon l’évolutivité de l’affection et le caractère primaire ou secondaire de l’intervention. Plus on opère, plus de risque de récidive (on dit aussi récurrence) augmente.
Le risque de récidive dépend principalement des méthodes thérapeutiques employées
La gravité de ces récidives tient à une aggravation progressive du processus évolutif à chaque récurrence
- envahissement plus rapide et plus extensif de la cornée,
- formes rétractiles plus sévères
- restriction de la motilité oculaire
- comblement des culs de sac
- diffusion de la pathologie à l’ensemble de la surface cornéo-conjonctivale
Ceci pose de très difficiles problèmes thérapeutiques, du fait de l’épuisement du capital conjonctival disponible pour l’autogreffe.
Il est donc capital de mettre en œuvre la meilleure stratégie préventive possible dès la première intervention de ptérygion.
Comment éviter les récidives du ptérygion ?
La prévention des récidives au décours de l’exérèse chirurgicale du ptérygion est un problème crucial.
De nombreuses méthodes ont été proposées avec des taux de récidive de 7 à 50%.
Certaines méthodes sont basées sur la destruction des cellules fibroblastiques conjonctivales impliquées dans la récidive du pterygion
- Application de mitomycine C ou d’autre agent antimétabolite (thiothépa)
- Radiothérapie par irradiation bêta au Strontium 90
D’autres méthodes sont fondées sur le maintien à distance de la berge résiduelle du ptérygion,
- Par suture laissant la sclère à nu.
- Par « retournement » de la polarité du ptérygion
La majorités des méthodes actuellement employées par les chirurgiens font une place à la reconstruction anatomique de la zone d’exérèse
- Par une autogreffe de conjonctive.
- Par une autogreffe cornéenne
- Par un allogreffe cornéenne lamellaire
Le Dr Assouline a perfectionné depuis 1990 la méthode de reconstruction par autogreffe limbo-conjonctivale dont le taux de récidive est actuellement inférieur à 2% des cas.
Les principes de cette méthode sont les suivants
- préservation de la surface cornéenne au cours de l’exérèse (absence de dissection de la couche de Bowman et des lamelles stromales, par clivage centripète et utilisation d’un instrument non tranchant)
- reconstruction du limbe nasal après exérèse du ptérygion par une autogreffe de limbe et de conjonctive prélevé sous la paupière supérieure (ces cellules limbiques n’ont donc jamais été exposées au rayonnement solaire !)
- fixation du bord limbique du greffon à distance du limbe nasal pour éviter le débordement cicatriciel du greffon sur la cornée nasale
- fixation du bord conjonctival du greffon à la sclère postérieure rétromusculaire en chargeant la berge résiduelle du ptérygion et la capsule de Tenon. Ceci permet principalement d’éviter la rétraction du greffon et le rapprochement limbique de la berge résiduelle du ptérygion, et contribue par ailleurs au résultat esthétique de la procédure.
L’avantage de la méthode est également d’offrir un meilleur résultat esthétique, les cicatrice étant dissimulées sous les paupières, et la surface de l’oeil paraissant strictement « normale » au bout de quelques semaines dans l’immense majorité des cas.
Le Dr Assouline a été récompensé pour pour cette technique par le 3ème Prix « Vidéo chiurgicale » de la Société Française d’Opthalmologie en 2006.
Cette technique est actuellement adoptée par de nombreux chirurgiens en France et dans le monde.