Une déformation évolutive de la cornée responsable d’une myopie et d’un astigmatisme irrégulier
Le kératocône est une maladie déformante de la cornée qui perd progressivement sa forme normalement sphérique (en ballon de football) pour prendre localement la forme d’un cône de plus en plus cambré («pointe» du ballon de rugby).
Cette déformation progressive, non inflammatoire, entraîne une myopie et un astigmatisme.
Tant que l’astigmatisme est régulier, ceci nécessite une simple correction optique par verres de lunettes ou lentilles souples.
Lorsque l’astigmatisme devient irrégulier, parfois au bout de plusieurs années, et en cas de correction insuffisante par lunettes, des lentilles de contact rigides peuvent devenir nécessaires. Il s’agit alors de
lentilles spécifiquement adaptées par un spécialiste. Des lentilles composites (souple et dures type « Janus ») ou superposées (une lentille rigide sur une lentille souple) en adaptation «piggy back » sont parfois utilisées. Beaucoup plus rarement, l’intolérance progressive aux lentilles de contact du fait d’une déformation extrême, requiert la réalisation d’une chirurgie de la cornée, laser Excimer thérapeutique, anneau intra-cornéen, ou plus tardivement, greffe de la cornée, lamellaire ou perforante.
Une affection très fréquente
Cette affection peut être latente de nombreuses années ce qui rend difficile la mesure de sa fréquence réelle. La majorité des cas sont détectés chez l’adulte jeune (82% avant l’âge de 40 ans).
La prévalence (nombre de cas dans la population) varie de selon les études de 4 cas (en Russie) à 3000 cas (au moyen orient) pour 100 000
habitants, selon l’âge, l’ethnie, et surtout la méthode de dépistage utilisée pour les stades précoces, lorsque la maladie n’est pas encore apparente.
En France dans notre étude par topographie cornéenne (vidéokératoscopie) chez 690 appelés du contingent âgés de 18 à 22 ans, nous avons retrouvé une prévalence de 119 cas pour 100000 (Assouline, Santiago et coll. 1992). Le kératocône est plus fréquent dans certains groupes spécifiques (jusqu’à 15% chez les atopiques, 11% chez les myopes candidats à la chirurgie réfractive et 50% des membres de la famille au premier degré.
La carte ci-contre montre le % de la population concernée dans divers pays.