L’oeil humain peut être comparé à un appareil photo constitué d’un objectif (la partie avant de l’oeil), d’une chambre noire (le globe) et d’un film sensible (la rétine au fond de l’oeil).
L’objectif de l’oeil comporte :
- une lentille avant (la cornée),
- un diaphragme (la pupille de l’iris),
- une lentille arrière (le cristallin).
La vision normale permet de voir de loin au repos (2 m et au-delà).
Pour voir de près il faut « accommoder » : les muscles intraoculaires du corps ciliaire modifient la forme du cristallin pour voir net de près de 0 à 40 cm (lecture, écriture, couture) et à distance intermédiaire de 40 cm à 2m (ordinateur, partition musicale)
Le cristallin permet donc à chacun d’entre nous de faire la mise au point à différentes distances. À partir de 40 ans, le cristallin s’opacifie et se durcit, perdant son élasticité et sa capacité de focalisation en vision de près : c’est la presbytie. A partir de 55 ans, l’opacification du cristallin diminue l’acuité visuelle et la qualité de vision : c’est la cataracte
Chez le myope, l’œil est trop long et la lumière focalisée par l’objectif ne parvient pas jusqu’à la rétine. Le myope ne voit donc pas parfaitement de loin sans correction. Par contre, le myope peut voir de près en rapprochant l’objet, sans accommoder.
La myopie est corrigée en ajoutant une correction négative (verre concave ou “creux”), qui peut être un verre de lunette, une lentille de contact, ou une intervention chirurgicale (PKR, Lasik, Implants phake, chirurgie du cristallin).
Chez l’hypermétrope, l’œil est trop court et la lumière est focalisée non pas sur la rétine mais en arrière de celle-ci.
L’hypermétrope peut généralement voir de loin sans correction grâce à l’accommodation permanente du cristallin, mais ceci s’accompagne d’une fatigue plus ou moins importante.
Après 40 ans, la perte progressive de l’accommodation augmente rapidement la dépendance vis à vis d’une correction optique en vision de près puis en vision de loin.
L’hypermétropie est corrigée en ajoutant une correction positive (verre convexe ou « bombé », lentille) ou en faisant une intervention chirurgicale
Chez l’astigmate, le défaut visuel est localisé selon certains axes, sous forme d’une combinaison de l’une ou l’autre (ou les deux) anomalies précédentes.
Un astigmate peut être par exemple myope sur les lignes horizontales mais pas sur les lignes verticales de son champ de vision. L’astigmatisme se traduit souvent par une confusion des lettres lors des tests visuels (le sujet ne peut par exemple distinguer le “H” du “N”).
Chez le presbyte, après 40 ans, du fait de la perte de souplesse du cristallin, l’accommodation se réduit progressivement pour disparaître vers 60 ans. Il n’existe aucune méthode actuelle de restauration de la souplesse du cristallin et de l’accommodation. La presbytie nécessite donc une compensation optique différente de la correction optique portée en vision de loin (myopie, hypermétropie, astigmatisme).
Le presbyte, qu’il soit également myope, hypermétrope ou astigmate peut être corrigé de plusieurs façons :
Avec des lunettes
- Soit avec deux paires de lunettes différentes, que l’on change pour voir de loin ou de près (à 35 cm). Il n’y a pas de correction en vision intermédiaire (entre 35 cm et 1 m de distance, par exemple pour le travail sur écran), à moins d’avoir une 3ème paire.
- Soit avec des verres à double ou triple foyers, peu esthétiques (séparation du verre en deux parties). Ceux-ci ne corrigent pas la vision intermédiaire, mais sont assez confortables.
- Soit avec des verres progressifs. La distance de correction dépend de la direction du regard au travers du verre (en haut de loin, en bas de près). Les verres progressifs sont plus esthétiques et corrigent la vision intermédiaire mais sont inconfortables au début :
- Le champ de vision de près est rétréci,
- La direction du regard est « imposée » par la distance de vision,
- La vision latérale est médiocre.
De nombreux patients ne parviennent pas à s’accoutumer à ces contraintes.
- Soit avec des verres dégressifs (le haut du verre corrige la vision intermédiaire et le bas du verre la vision de près).
Avec des lentilles de contact
- Soit simples de loin (auxquelles on ajoute des verres de près),
- Soit bifocales concentriques (vision de près au centre et de loin en périphérie)
- Soit « en bascule » ou « monovision » (une lentille pour la vision de loin sur l’œil dominant et une lentille adaptée à la vision de près sur l’autre œil).
Avec une opération bénigne
- Soit par laser (traitement en monovision ou traitement mutifocal PresbyLasik)
- Soit par implants multifocaux (chirurgie du cristallin PRELEX et de la cataracte)
Le plus souvent, les myopes ne se sentent pas devenir presbyte car il leur suffit d’enlever leurs lunettes pour disposer d’une vision confortable de près.
La correction de la myopie en lentilles ou par laser pour la vision de loin révèle souvent la presbytie sous-jacente à partir de 40 ans, et le chirurgien doit donc anticiper la meilleure solution optique afin de concilier le confort visuel de près et de loin.
La presbytie débutante ou avancée n’est donc pas un obstacle à la correction chirurgicale de la vision chez les myopes.